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Thuriot : "Des nouvelles alarmantes ont déterminé
l’Assemblée nationale à envoyer trois commissaires à
Orléans pour y rétablir le calme. Des agitateurs ont
été envoyés dans toutes les parties de la république
pour y semer la discorde. La proclamation du danger de la patrie a engagé
tous les bons citoyens à se réunir dans leurs sections pour
y prendre des déterminations convenables aux circonstances.
Le calme régnait dans cette cité, lorsque des étrangers
arrivent, forment des groupes, cherchent à agiter le peuple et à
préparer une insurrection. Le dimanche 16 du présent, ils
s’assemblent en grand nombre dans une place de la ville où se tient
le marché; ils accusent un marchand de blé de la rapidité
avec laquelle il s’est enrichi, et se plaignent de la cherté du pain.
L’imprudent répond qu’il lui importait peu quel prix se vendait le
pain, que quand il se vendrait 24 sous la livre, il n’en manquerait pas.
A l’instant, la multitude fond du lui, son corps est mis en pièces
et traîné dans les rues, et sa tête portée au bout
d’une pique. La garde nationale se rassemble; on charge les canons pour essayer
d’arrêter la fureur des brigands. Par malheur le fusil d’un garde national
part en l’air; on crie à la trahison. Le citoyen qui portait la tête
du particulier massacré se présente au milieu de la multitude.
Tout le monde crie qu’on décharge le canon. Le peuple ne s’en tient
pas là : il se porte dans deux maisons et les livre au pillage.
On recharge les canons; malheureusement une flammèche tombe sur un
caisson de poudre; le feu se communique à un canon dont le coup en
partant tue huit personnes. La dévastation continue. Une justice barbare
est rendue; les brigands eux-mêmes sont précipités dans
les flammes. On force les administrateurs de taxer le prix du pain.
Les officiers municipaux se répandent dans divers quartiers de la
ville: ils parlent et ne sont point écoutés; La loi martiale
est proclamée. Ce signe de mort était encore déployé
à la maison commune lorsque vos commissaires sont arrivés;
leur première démarche fut de lire tous les procès-verbaux
et de vérifier tous les faits.
La nouvelle du décret qui ordonne le renouvellement des corps
administratifs a été reçue avec la plus grande joie;
Des haines et des divisions se manifestèrent entre les manufacturiers
et les propriétaires. Ces discussions pouvaient opérer la ruine
de la ville d’Orléans. Vos commissaires les ont calmées et
rétabli avec eux la bonne intelligence. Le peuple désirait
que le pain fût vendu livre à livre, chez les boulangers; il
l’a obtenu. Enfin, le calme étant parfaitement rétabli, les
citoyens satisfaits se réunissent pour célébrer une
fête à l’occasion de l’abolition de la royauté en France.
Les commissaires, accompagnés des corps administratifs partent de
la maison commune pour assister à cette cérémonie. Des
illuminations, des cris de « Vive la Liberté et
l’Égalité, Vive la Convention nationale, Vive la République
Française », retentissent de toutes parts. De retour à
la maison commune, vos commissaires ont recueilli le témoignage flatteur
de la satisfaction publique. Le peuple a fait le serment de maintenir la
sûreté des personnes et des propriétés, etc.".
Manuel : "La ville d’Orléans ne fait encore que se traîner
dans le chemin de la révolution. Il est nécessaire qu’on sache
que l’égoïsme domine dans cette ville, et qu’il y a un grand
nombre de millionnaires insouciants, qui depuis le commencement de la
Révolution, n’ont pas encore fait le moindre sacrifice pour elle,
et qui vous diraient, comme cet homme a qui on annonçait que le feu
était à sa maison : « Allez le dire à ma femme,
je ne me mêle pas des affaires du ménage ».
Les citoyens d’Orléans m’ont chargé de vous présenter
une pétition en leur nom, par laquelle ils demandent des secours.
Mais il me semble que ces maux doivent être réparés par
ceux qui les ont soufferts. Je demande donc qu’il soit levé une imposition
sur la ville, qui pèsera particulièrement sur les riches, pour
leur apprendre que lorsqu’un incendie se manifeste, on doit s’empresser
d’en étouffer les premières étincelles. Nous avons dit
au peuple quelques vérités, parce qu’il faut dire la
vérité au peuple comme aux rois; nous lui avons donné
quelques instructions, par lesquelles nous lui avons appris que si le despotisme
ne peut se soutenir que par les crimes, une république ne peut se
soutenir que par les vertus".
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Livre des sources médiévales: [xyxy]: text sources from the now defunct Arisitum website. Contact Paul Halsall, halsall@murray.fordham.edu if any text is here improperly.