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Collot-d'Herbois : "Vous venez de prendre une délibération
sage; mais il en est une que vous ne pouvez remettre à demain, que
vous ne pouvez remettre à ce soir, que vous ne pouvez différer
un seul instant sans être infidèles au voeu de la nation, c'est
l'aborlition de la royauté" (Applaudissements unanimes).
Quinette : "Ce n'est pas nous qui sommes juges de la royauté:
c'est le peuple; nous n'avons la mission que de faire un gouvernement positif,
et le peuple optera ensuite entre l'ancien où se trouvait une
royauté, et celui que nous lui présenterons. Quant à
moi, comme représentant du peuple français, je ne songe ni
au roi ni à la royauté; je m'occupe tout entier de ma mission,
sans songer qu'une pareille institution ait jamais pu exister. Je pense donc
qu'il est inutile de s'occuper en ce moment de la proposition du
préopinant".
Grégoire : "Certes, personne de nous ne proposera jamis de
conserver en France la race funeste des rois; nous savons trop bien que toutes
les dynasties n'ont jamais été que des races dévorantes
qui ne vivaient que de chair humaine. Mais il faut pleinement rassurer les
mais de la liberté. Il faut détruire ce talisman magique dont
la force serait propre à stupéfier encore bien des hommes.
Je demande donc que, par une loi solennelle, vous consacriez l'abolition
de la royauté".
L'assemblée entière se lève par un mouvement spontané
et décrète par acclamation la proposition de l'abbé
Grégoire, évêque de Blois.
Bazire : "Je demande à faire une motion d'ordre. L'assemblée
vient de manifester par l'unanimité de ses acclamations sa haine profonde
pour les rois. On ne peut qu'applaudir à ce sentiment si concordant
avec celui de l'universalité du peuple français. Mais il serait
d'un exemple effrayant pour le peuple de voir une Assemblée, chargée
de ses plus chers intérêts, délibérer dans un
moment d'enthousiasme. Je demande que la question soit discutée".
Grégoire : "Eh ! Qu'est-il besoin de discuter quand tout le
monde est d'accord ? Les rois sont dans l'ordre moral ce que les monstres
sont dans l'ordre physique. Les cours sont l'atelier des crimes et la
tanière des tyrans. L'histoire des rois est le martyrologue des nations.
Dès que nous sommes tous également pénétrés
de cette vérité, qu'est-il besoin de discuter ? Je demande
que ma proposition soit mise aux voix, sauf à la rédiger ensuite
avec un considérant digne de la solennité de ce décret".
Ducos : "Le considérant de votre décret, ce sera l'histoire
des crimes de Louis XVI, histoire déjà trop bien connue du
peuple français. Je demande donc qu'il soit rédigé dans
les termes les plus simples; il n'a pas besoin d'explication après
les lumières qu'a répandues la journée du 10 août".
La discussion est fermée.
Il se fait un profond silence.
La proposition de Grégoire, mise aux voix, est adoptée au bruit
des plus vifs applaudissements.
"La Convention nationale décrète que la royauté est
abolie en France".
Les acclamations de joie, les cris de : "Vive la nation !"
répétés par tous les spectateurs, se prolongent pendant
plusieurs instants.
(...)
Livre des sources médiévales: [xyxy]: text sources from the now defunct Arisitum website. Contact Paul Halsall, halsall@murray.fordham.edu if any text is here improperly.