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           Livre des sources médiévales:  
               
          "SATIRE CONTRE LES PROCES"                     
           
             
           Ce document, rédigé il y a plus de 350 ans par un anonyme, nous apporte 
            
            
            le témoignage d'un particulier qui a été souvent confronté 
            
            
  à la justice, et qui n'hésite donc  pas à tourner en dérision le 
            
            
            système judiciaire de son époque. Le texte lui-même est très 
            
            
            plaisant à lire et l'on pourra apprécier quelques beaux traits de plumes et 
            
            
            quelques belles images qui feront certainement les délices des amateurs. 
             
           Maudit soient les procès, maudite la chicane 
            Mauditz soient les autheurs d'un monstre sy profane. 
            Jen suis desjà sy là et sy fort abatu 
            Qu'en mieux je ne pourois exercer ma vertu. 
            Tantost je pren conseil et le conseil me trompe 
            Les juges, quelques fois, souffrent qu'on les corrompe. 
            Ils font dans un moment courir dans le palais 
            Avec plus de travail qu'un cheval de relai. 
            Parler au procureur, luy délivré l'affaire, 
            Advancer et l'argent dreser l'inventère, 
            Flater un simple clerc ainsin qu'un grand seigneur, 
            Luy donner le haut bout et luy fere l'honneur. 
            Aller à la maison de celluy quy rapporte, 
            A la mercy du temps demeurer à sa porte. 
            Attendre que Monsieur sorte du Cabinet, 
            Saluer les laqués quy portent un bonnet. 
            Enfin, il faut changer d'honneur et de génie 
            Despuis qu'on s'est submis à ceste tiranie. 
            Quelques soliciteur vous affrontent largement, 
            Il faict mal ce fier à l'exploict d'un sergent. 
            Pour un chétifz exploit, pour une simple course, 
            Les huissiers font crédit de la main à la bource; 
            Tant plus vous les chargés, tant plus ils sont légers. 
            Ils traictent les amis comme les strangers. 
            Ils n'ont que le désir d'acroistre leur fortune, 
            Pour l'inthéretz qu'il font de la bource commune. 
            Présentes un cartel ou vous donné du nez, 
            Le mespris  seullement est ce que vous gaigner. 
            Entrez dans le bareau pour avoir audience, 
            Un luy fait tout le bruict vous impoze sillence, 
            Murmures contre vous une verge à la main : 
            Tout serviteur qu'il est on le voit souverain. 
            L'avocat est muet sy l'esclat des pistolles 
            N'organise sa voix et forme ses parolles. 
            Selon le sentiments des plaideurs mieux versés 
            Le dire par escriptz est l'ame du procès; 
            C'est le raisonnement ou l'affaire l'explique, 
            Et de tous les procès l'importante fabrique, 
            S'il est trop chèrement quelque fois achepté 
            Acuser de ce temps l'avarre lachepté. 
            Le payement s'en faict sans aulcune remèze, 
            Ou se treuve le gain l'honneur n'est pas de mèze. 
            Un chicaneur suspent le droict plus évident, 
            Davant un commissaire, il forme un accident, 
            Et sy l'apointement ne le peut sattisfère 
            L'appel vériffié recommense l'affaire. 
            A peine après dix ans, languysant et catif, 
            Pouves vous obtenir arrest déffinitif. 
            Il faut preuver un faict contre vostre adversaire 
            S'il advient que la Cour vous appointe contraire. 
            L'enqueste vient après par la réception 
            Que de tous les tesmoingz porte l'audiction. 
            Celluy quy dessus vous gaigne la victoire, 
            Ayant leue l'arrest, obtient exécutoire 
            Du rapport et despens qu'il aura faict laxer 
            Et dont vous ne pouvez vous fere relacer. 
            Mais combien de tourmens et de rude suplice, 
            Alors qu'on vous compdamne à payer les spices, 
            Espices que jamais ne perdent leur saizon, 
            Faulte de payement, l'on vous met en prison 
            Où vous endurés plus que les ames dampnés 
            Qui souffrent aux enfers les peynes ordonnés: 
            Vous paiez à l'entrée, à la sortie aussy. 
            Un barbare golier vous tient à la mercy, 
            Un galérien vous cause, un quichetier vous pilie, 
            Et vous ne parlés plus qu'à travers une grilie. 
            A Dieu doncques chicane, à Dieu doncques procès, 
            Je vous desjà mis au rang des trespassés; 
            Sy je vous ayme plus, je veux que on me tue. 
            En un plus dous esbat mon esprit ses vertus. 
            Jamais aulcung huissier, jamais aulcung sergent, 
            Quand je saurois mourir n'aura de mon argent. 
            Jamais clerc, procureur, advocat, secrétaire, 
            Conseiller, prézident, ne vera tributaire 
            Soubz les fantasques lors d'un quy porta barreau, 
            Celluy quy dans le vin n'a jamais mis de l'eau. 
             
           Source documentaire: Archives Départementales de l'Hérault, Notariat de la 
            
            
            ville de Ganges, côte 2 E 34/18, fin du registre de 1556,  mais écriture du début 
            
            
            du XVIIe siècle.  L'auteur de ce texte n'a pas été identifié mais il y a de 
            
            
            grandes chances pour qu'il s'agisse d'un notaire du lieu]. 
             Auteur de la transcription: Jean-Claude TOUREILLE 
           
           
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